Le pharynx constitue le carrefour entre les voies respiratoires et digestives. Il s'agit d'un tube musculaire creux de près de 15 cm de long qui fait le lien entre :
- le nez et la bouche, et la trachée pour le passage de l'air ;
- la bouche et l’œsophage pour le passage de l’alimentation.
De quoi est composé le pharynx ?
Le pharynx se subdivise en trois parties (supérieure, moyenne et inférieure) :
- le nasopharynx (ou rhino-pharynx ou cavum), allant de l’arrière de la cavité nasale (nez) au voile du palais ;
- l'oropharynx, à l’arrière de la cavité buccale, allant du voile du palais à la base de la langue ;
- l'hypopharynx (ou laryngopharynx), qui communique avec l’œsophage et le larynx.
L'accès au pharynx est toujours libre pour l'air, excepté lors de la déglutition.
Cancers du pharynx
On distingue entre eux les cancers qui affectent le nasopharynx, l'oropharynx ou l'hypopharynx. En effet selon l'étage qui est touché, les incidences ne sont pas les mêmes et certaines spécificités se dégagent d'une zone à l'autre. Néanmoins, on constate que, comme pour tous les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS), les hommes sont plus touchés que les femmes, notamment en raison de l'origine alcoolo-tabagique de ces cancers.
Par ailleurs, la grande majorité des cancers du pharynx sont des carcinomes épidermoïdes. De plus, quelle que soit la région concernée, les symptômes du cancer de la gorge sont sensiblement les mêmes :
- troubles de la déglutition ou dysphagie (celle-ci étant plus ou moins douloureuse) ;
- douleur réflexe au niveau de l'oreille ;
- toux ;
- gonflement des ganglions du cou (25 % des cas) ;
- troubles permanents, allant en augmentant et touchant un seul côté.
Cancers du nasopharynx
La plupart des cancers qui font leur apparition au niveau du nasopharynx touchent les cellules épithéliales, c'est-à-dire la fine couche de cellules qui tapisse le pharynx. Ils ont également tendance à se développer au niveau de la fossette de Rosenmüller, une petite cavité présente dans la paroi du nasopharynx.
Au niveau mondial, on compte entre 0,5 et 2 cas sur 100 000 de cancer du nasopharynx dans les zones les moins touchées et entre 30 et 80 cas dans les zones les plus fortement concernées. La France fait partie des pays les moins affectés par ce type de cancers (moins d'1/100 000). Inversement, d'autres régions du globe telles que l'Asie du Sud-Est (Chine du Sud dans la région de Canton notamment) et l'Afrique du Nord sont très souvent touchées.
La majeure partie des personnes concernées ont soit entre 20 et 30 ans, soit plus de 50 ans. Comme souvent, les hommes sont un peu plus touchés que les femmes.
À noter : au niveau mondial, chez les 14-49 ans, en 2019, les augmentations les plus marquées concernent les cancers du nasopharynx avec + 2,28 % par an (source : étude internationale publiée le 6 septembre 2023 dans « BMJ Oncology »).
Cancers de l'oropharynx
Les cancers de l'oropharynx représentent environ 30 % des cancers de la gorge. Ils sont plus fortement liés au papillomavirus humain (HPV responsable de 1 700 cas chaque année, l'HPV 16 étant impliqué dans 85 % des cas) que les autres cancers ORL. Le risque est majoré en cas de comportement alcoolo-tabagique associé.
Toutefois, le diagnostic est généralement retardé car la zone à explorer est large et difficile à prélever et l'HPV se fixe au fond des cryptes difficiles d’accès. On estime à 1 % la prévalence de HPV 16 dans la sphère ORL dans la population générale, mais la détection de la présence de virus ne signifie pas un cancer.
Comme la plupart des cancers de la gorge, les cancers de l'oropharynx sont surtout des carcinomes épidermoïdes. Toutefois, bien que plus rares, on retrouve parfois des cancers des glandes salivaires accessoires (cylindromes). Ce cancer est un des rares cancers de la gorge à entraîner des métastases (poumon, VADS, œsophage, etc.) dans environ 15 % des cas.
Bon à savoir : le HPV est une infection sexuellement transmissible. Le sexe oral favorise sa transmission et à l’inverse de la femme pour laquelle l’incidence de l’infection HPV diminue progressivement avec l’âge, l’homme est transmetteur potentiel toute sa vie.
Cancers de l'hypopharynx
L’hypopharynx comprend, de chaque côté de l’ouverture qui mène au larynx, les sinus piriformes. Il s'agit de deux petits sillons situés dans la paroi pharyngée. Les cancers de l'hypopharynx sont les cancers de la gorge les plus fréquents. Ils ont de mauvais pronostics en raison de leur évolution insidieuse et de leur tendance à envahir les ganglions lymphatiques.
95 % des cancers de l'hypopharynx sont des carcinomes épidermoïdes, près de la moitié d'entre eux étant bien ou moyennement différenciés (constitués de cellules individualisées proches des cellules normales et saines). Ils sont donc peu agressifs, ce qui explique qu'ils évoluent longuement sans entraîner de symptômes. Les cancers de l'hypopharynx représentent environ 10 % des carcinomes épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures (VADS). Par ailleurs, 85 % des tumeurs de l'hypopharynx affectent les sinus piriformes et seulement 15 % la paroi pharyngée.
Les hommes sont 50 fois plus touchés que les femmes dans le cadre de l'atteinte des sinus piriformes. On compte aujourd'hui 1 cas pour 100 000 habitants dans les pays occidentaux, mais l'incidence atteint près de 15/100 000 dans certaines régions, comme le nord de la France (18 % des cancers des VADS). L'âge moyen de diagnostic du cancer de l'hypopharynx est 65 ans.
Les dernières estimations de la survie du cancer de l'hypopharynx en France (2016) montrent que la survie nette à 5 ans est de 28 % chez les hommes et de 34 % chez les femmes. Pour les personnes qui n'étaient pas décédées durant la première année, cette survie à 5 ans s'améliorait : elle était de 42 % pour les plus jeunes et de 32 % pour les plus âgés.
Aussi dans la rubrique :
Symptômes et diagnostic du cancer de la gorge
Sommaire
- Symptômes et manifestations
- Diagnostic